vendredi 5 juillet 2013

La croissance de l’Église “Crossroads”

Auteur: Pierre-Alain Giffard

De 1987 à 2005, Mark Fuller a été le pasteur de l’Église évangélique Crossroads Church (l’Église Croisée des chemins) qui est passée de 300 membres à plus de 1300 en 18 ans. Sa croissance a été constante et n’a jamais stagné.

Mark Fuller explique ainsi sa croissance[1] :

· un leadership visionnaire;

· une bonne compréhension du combat spirituel (spiritual authority);

· une communauté chrétienne prête à suivre son leader;

· une communauté chrétienne qui accepte de changer et de faire les sacrifices nécessaires et;

· une vision pour les perdus, c'est-à-dire une priorité pastorale pour rejoindre et incorporer au Corps du Christ des personnes qui ne connaissent pas Jésus ou qui ne le suivent pas.

Un jour Mark Fuller posa une question à John Maxwell[2], un expert mondial en leadership : « quelle est la clé pour faire croître une église de 500 membres ? » Ce dernier pointa son doigt vers lui et lui dit : « vous ». Réalisant que pour développer sa communauté chrétienne et il lui fallait aussi permette à Dieu de le faire grandir, il se mit à genoux, pria et médita la Bible. C’est alors qu’un passage du livre de l'Exode le toucha profondément, celui dans lequel Jéthro donne des conseils à Moïse (Exode 18,13-27).

En relisant ces versets, il comprit à quel point le ministère de Moïse était prophétique et cela l’encouragea à mettre plus d’emphase sur son propre ministère de prédication. Il remarqua aussi combien Moïse était visionnaire: il allait donc adopter un style de leadership visionnaire en passant désormais une bonne partie de son temps à communiquer une vision pour son Église. Finalement, il lut comment Moïse délégua l’œuvre de son ministère. Il décida donc de passer aussi une grande partie de son temps à former des leaders.

Ces trois éléments sont devenus les piliers de sa vie et de son ministère : prêcher, projeter une vision et développer des leaders. Il lui fallut plusieurs années pour les intégrer dans son pastorat, mais aujourd'hui il y consacre 95 pour cent de son temps. Ce fut à la fois difficile et libérateur, mais il considère que John Maxwell avait bien raison de dire qu’une communauté chrétienne ne peut pas grandir si le pasteur ne grandit pas lui-même.

Au cours de ses 18 années à la tête de l’Église Crossroads, Mark Fuller, il vit beaucoup de nouveautés dans la manière dont les Églises s’organisent et célèbrent, y compris l’émergence des petits groupes (cellules d’évangélisation et autres petites communautés de base). Pour lui, un des changements les plus importants et les plus bénéfiques pour son Église fut au niveau de la gouvernance.

Pour assurer la croissance, il fit passer sa communauté d’une Église dirigée par un conseil de bénévoles à une Église dirigée par du personnel professionnel rémunéré. Cette transition ne fut pas facile, mais Mark Fuller estime qu’il ne faut pas chercher à engager des personnes simplement pour remplir des fonctions pastorales; il faut plutôt chercher à engager des personnes qui ont un réel sens du leadership. Si on met en place les bonnes personnes, explique-t-il, alors le reste suit : la vision, la direction et les activités pastorales (programmes) pertinentes. Pour qu’une Église dépasse les 500 membres, il est, d’après lui, nécessaire de faire cette transition[3].

Un autre changement important qu’il opéra fut d’adopter un style de musique contemporaine pour les célébrations. Comme dans la plupart des communautés chrétiennes qui font ce choix, cela engendra des tensions, mais il eut la sagesse d’introduire ces changements en douceur. Cela fait partie, dit-il, des talents d’un leader : savoir quand mette un peu de pression pour faire avancer les choses et savoir quand donner du mou pour insister ailleurs. Mark Fuller souhaite que le style de musique de son Église soit en constante mouvance, car si celui-ci se fige, estime-t-il, il est très difficile de changer par la suite.

Pour ce pasteur, la louange et l’adoration ne sont pas tant une question de style qu’une question de cœur. Il s’agit avant tout de créer une atmosphère qui permette aux personnes présentes de communier avec Dieu et d’être réceptifs à la parole de Dieu. Les animateurs et les musiciens ne sont pas des vedettes, mais des signes qui pointent vers Dieu[4].

Dans son Église, ce sont les célébrations des weekends, et non pas les grands événements extérieurs, qui constituent les portes d’entrée, qui attirent des nouvelles personnes. Les gens viennent à l'Église parce que leur cœur est vide; ils ont des problèmes financiers, de couple ou avec leurs enfants, et tout ceci provoque une faim de Dieu.

Mark Fuller est convaincu que pour faire croitre une Église, il faut s’occuper en priorité des personnes qui ne sont pas là ainsi que des personnes qui ne viennent pas régulièrement aux célébrations afin de les rejoindre et de les incorporer à la communauté chrétienne[5]. Tout ce que l'Église fait, elle devait le faire pour amener au Christ les personnes qui ne le connaissent pas. Il n’a toutefois pas de public cible : une génération, un groupe d'âge ou une culture particulière. Il fait tout pour créer, durant les célébrations, une atmosphère  qui permette aux personnes qui ont soif de Dieu de le rencontrer personnellement.

Son style de prédication est « conversationnel ». Il prêche, en s’imaginant assis autour d'un café avec l’auditoire et vise à répondre aux questions que des non-chrétiens peuvent se poser face à la Parole annoncée. L’auditoire est toujours libre de réagir et de répondre à son message.

Mark Fuller est enfin un fervent partisan des petits groupes. Il y en a trois sortes dans son Église: des petits groupes d’évangélisation, des groupes qui se réunissent autour d’une pastorale (ministère) particulière et des groupes d’enseignements. Ils sont tous de différentes tailles et appelés des groupes de connexion. La moitié des membres de son Église actuelle en font partie. Leur point commun? Vivre la sollicitude fraternelle, l’apprentissage et le service[6].


[1] Cf. Nees, Tom. Best Practices of Growing Churches: Profiles and Conversations with Ministry Leaders. Kansas City: Beacon Hill Press, 2006, p.143-144.

[2] John Maxwell est depuis plus de vingt ans un leader et un communicateur efficace et passionné. Il est le fondateur d'INJOY, une organisation qui se consacre à aider les gens à développer leur potentiel personnel et leur potentiel de leadership. Il est l'auteur de « Les 21 lois irréfutables du leadership », « les 17 lois infaillibles du travail en équipe » et « Devenez ce que vous devriez être », entre autres. (Source : goo.gl/LBwLw).

[3] Cf. Nees, Tom. Best Practices of Growing Churches: Profiles and Conversations with Ministry Leaders. Kansas City: Beacon Hill Press, 2006, p.144-145.

[4] Cf. Nees, Tom. Best Practices of Growing Churches: Profiles and Conversations with Ministry Leaders. Kansas City: Beacon Hill Press, 2006, p.145-146.

[5] Cf. Nees, Tom. Best Practices of Growing Churches: Profiles and Conversations with Ministry Leaders. Kansas City: Beacon Hill Press, 2006, p.146-147.

[6] Cf. Nees, Tom. Best Practices of Growing Churches: Profiles and Conversations with Ministry Leaders. Kansas City: Beacon Hill Press, 2006, p.148.

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